JOURNAL

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

 

N°62,          30 janvier 2001


LE SPECTACLE DE LA DÉLINQUANCE

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          On veut nous faire croire à l'augmentation de la délinquance afin de nous faire accepter une augmentation notable du budget destiné à la répression et afin de justifier un État policier.

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          À travers les médias, principalement la télé, le pouvoir cherche à nous faire croire que la délinquance augmente de plus en plus. Mais c'est un mensonge. De la délinquance, de la violence, en fait, il y en a plutôt moins qu'avant. Ce n'est pas un auteur d'aujourd'hui qui a écrit la guerre des boutons ; et, aujourd'hui, son sujet a presque disparu.

          En effet, dans nos campagnes, il y a quarante ans, il y avait encore tous les samedis soirs des bagarres sérieuses et mémorables. À tel point qu'un bal n'était ni plus ni moins qu'un rendez-vous pour jeunes qui avaient envie de se battre. Il y avait les bagarres individuelles et les bagarres entre bandes momentanées (en ce sens que le samedi suivant, les bandes qui allaient s'affronter pouvaient être composées d'une façon toute à fait différente que la fois précédente et que ceux qui étaient "ennemis" le samedi précédent pouvaient fort bien se retrouver dans le même "camp" le samedi suivant).

          Dans le cas des bagarres individuelles, il était bien rare que les garçons autour se contentent d'être spectateurs. Voir une bagarre était déjà bien, mais ne suffisait pas. On avait forcément envie de participer. D'autant plus qu'on savait fort bien que la police allait finir par venir et que tout le monde allait alors instantanément se réconcilier pour en foutre plein la gueule à ces nouveaux venus. À tel point qu'on peut se demander dans quelle mesure les bagarres traditionnelles dans nos anciens bals de campagnes n'avaient pas pour seuls buts de s'entraîner et de s'échauffer en attendant que la police vienne chercher ce qu'elle méritait.

          Mais, comme vous savez, les traditions se perdent et il est bien fini le beau temps de la guerre des boutons.

          Bon ! assez ri. C'est un sujet sérieux non de dieu ! Il s'agit tout de même d'essayer d'éviter de se retrouver bientôt sous la botte de la dictature d'un État policier.

          Il est vrai que, contrairement à la télé, certains journaux disent la vérité, c'est-à-dire qu'il est exagéré de parler d'augmentation de la délinquance. Ainsi j'ai pu lire récemment que : « La publication des statistiques de la délinquance est chaque fois exploitée, à gauche comme à droite. Or elle reflète davantage l'activité des services de police et de gendarmerie que l'évolution réelle de l'insécurité ». Ce qui signifie que ce n'est pas la délinquance qui a augmenté mais l'activité de la police. Et qu'on voudrait se servir de cette augmentation des activités de la police pour justifier une nouvelle augmentation des activités de la police !

          Voyons un peu, maintenant, ce que la télé, c'est-à-dire le pouvoir, entend par " délinquance ".

          La télé nous a montré récemment quelques cas de délinquance. Par exemple, quand vous dites son fait à un policier, il s'agit de délinquance ! Sisi, " insulte à agent ", c'est de la délinquance. Et si c'était vrai que ce genre de " délinquance "-là augmentait, ce serait plutôt rassurant, ça prouverait que les gens ont de moins en moins envie de se laisser faire. Ce qui serait loin de déranger les gens normaux.
          Mais, comme avant les policiers se faisaient insulter sans arrêt, ils n'avaient pas le temps de le noter chaque fois sur un papier. Aujourd'hui, ils ont le temps, d'une part ça fait augmenter les statistiques de la délinquance, et d'autre part, ça prouve qu'ils sont moins insultés qu'avant. Accessoirement, cet exemple montre bien dans quelle mesure, dans certains cas du moins, quand les statistiques augmentent, c'est que le fait diminue ! Vivent les statistiques !

          Mais, me direz-vous, il n'y a pas que ça, comme délinquance. En effet, j'ai vu à TF1, le mardi 29 janvier 2001 aux infos de 13 heures, une internationale de la police s'entraîner contre la délinquance dans un petit village français aménagé dans ce but. Devinez qui étaient les " délinquants " contre lesquels les flics s'entraînaient ? Ils s'entraînaient à se battre contre des manifestants ! Contre vous et moi !
          Et on nous a fait comprendre que les polices européennes devaient prendre exemple sur les méthodes de la police italienne. On nous a montré un manifestant (un policier déguisé en manifestant, en fait, car pour cet entraînement, des policiers s'étaient déguisés en manifestants, constituant ainsi un ennemi fictif, comme dans les entraînements militaires où la moitié des militaires sont les bleus et les autres, les ennemis, sont les rouges), ce manifestant tira avec une arme à feu sur la police. Et, pendant cet entraînement, les policiers italiens réagirent d'une " façon proportionnée ". C'est-à-dire qu'ils se contentèrent de capturer le coupable.
          Rappelons que le vendredi 20 juillet 2001, 150 000 jeunes " délinquants " manifestaient à gênes contre la mondialisation de l'impérialisme américain. Le soir vers 5 heures, alors que Carlo Giuliani(*) n'était pas armé et n'avait donc aucunement fait usage d'une arme à feu, un policier italien le tua de sang froid de deux balles dans la tête. La première entre les deux yeux, et la deuxième un peu moins bien placée, puisque le corps de Carlo avait déjà commencé à s'affaisser.
          La police italienne assassine sans vergogne, elle ment en prétendant ne pas le faire, et elle pratique la provocation policière. C'est elle qui va servir de modèle à la police, nous a-t-on dit à la télé. Nous savons à quoi nous attendre et nous savons que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser se faire cet État policier dont on veut nous faire croire qu'il sera là pour nous protéger.
          

          Aujourd'hui, les " délinquants ", contre lesquels la police s'entraîne, ce ne sont pas les patrons qui tuent les ouvriers par le biais d'accidents du travail ou " d'explosions accidentelles " comme à Toulouse, ni les politiciens véreux qui font des détournements de fonds, des délits d'initiés, ou qui provoquent des génocides comme au Rwanda avec Mitterrand en 1994. Aujourd'hui, les " délinquants " contre lesquels la police s'entraîne, ce sont les manifestants qui combattent ce genre de criminels (le mot est faible). Et si par hasard il est vrai que le nombre de ces " délinquants " augmente, nous ne pouvons que nous en réjouir !

                    Merci pour votre attention,
                    Meilleure salutation,
                    do
                    http://mai68.org

 

Note (*) : Qui est Carlo Giuliani ?

          Carlo est un individu qui, à Gênes, a reçu une balle de la police dans la tête, puis il a reçu une autre balle de la police, toujours dans la tête, puis il a été volontairement écrasé une première fois par une auto de police, et une deuxième fois par la même auto. Ensuite, la police l'a tabassé alors qu'il était déjà mort, et enfin elle lui a marché dessus (photo1 et photo 2) pour charger la manif !

          Et que ceux qui croient encore que le policier qui l'a assassiné l'a fait parce qu'il était en état de légitime défense lisent cette intervention ! puis regardent cette photo !         

 

Post Scriptum :

0°) Je sais, vous vouliez que je parle aussi des petits voleurs, que je vous dise que s'ils en sont réduit à voler pour pouvoir survivre, c'est que la société actuelle ne leur a pas laissé le choix, que s'ils en viennent à attaquer les personnes plutôt que les autos, c'est parce que les autos sont devenues inviolables, et que, malgré tout, ils ne peuvent pas se laisser mourir de faim, que si tout le monde avait droit de par sa simple existence à un revenu minimum décent, à un vrai appartement etc., tout ceci n'arriverait pas. Mais je l'ai déjà un peu fait dans de précédents numéros du journal. Voir les Numéros  49 et 61 pour compléter.

1°) Pendant la deuxième guerre mondiale les policiers ont livré les Juifs aux nazis, et ils recommenceront dès qu'on leur en redonnera l'ordre. Car les policiers aiment l'obéissance. Ils aiment être obéi, et ils justifient cela en obéissant.

2°) J'ai vu à la télé des Juifs survivants ayant travaillé comme esclaves dans les usines Allemandes pendant la deuxième guerre mondiale réclamer à I.G. Farben, à Volkswagen, à BASF, etc., des indemnités (leur paye !) et un droit à la retraite. Ça m'a rempli de joie. Et d'une il vaut mieux s'en prendre aux vrais coupables du génocide plutôt qu'aux palestiniens, et de deux, ils ne faisaient pas leurs réclamations seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux que les Allemands avaient embarqués de force dans leurs camps de concentrations ! BRAVO !

3°) Le pouvoir veut renforcer la police. Voici ce qu'elle fait la police : la police française, après avoir livré les Juifs au génocide commis par les Allemands, livre, aujourd'hui, les Basques à la torture de la police espagnole : intervention 377 en AG.

4°) Dans une telle ambiance de tentative de retour aux vieilleries fascisto-nazies, il n'est pas étonnant que tout soit fait pour nous pousser à la délation, en commençant par nous pousser à faire des dénonciations dans des cas qui peuvent sembler admissibles, et dès l'école. Ensuite on finira par nous faire dénoncer n'importe qui pour n'importe quoi, et ce sera le retour des enfants qui dénoncent leurs propres parents ! Quoique là, je parle au futur, et c'est peut-être optimiste, car j'ai entendu dire à la télé qu'un fils venait de montrer l'exemple en dénonçant son père ! Bravo !

5°) Quand Mitterrand s'est pointé au Larzac, dans les années 70, dans le but de faire de la récupération, il s'est fait ramasser à coup de cailloux. qu'en sera-t-il à Porto Allegre des six ministres socialistes ?


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