7 avril 2005

Lien originel :

http://www.unita-naziunale.org/portail/REFERENDUM%20constitution.htm

Voter Non au référendum du 29 mai
Pierre POGGIOLI / Porte - parole de L’Accolta Naziunale Corsa

Ce projet est un déni de démocratie. Il n’a pas été élaboré par les citoyens, ou leur représentation parlementaire, lesquels resteront assujettis aux volontés des technocrates et des gouvernements en place, sans pouvoir leur opposer un réel contre-pouvoir et sans espoir de retour sur le dispositif s’il est adopté.

Le Parlement, même s’il nommera le Président de la Commission, n’aura toujours pas le pouvoir de légiférer en matière budgétaire et fiscale, ces domaines restant pour l’essentiel du ressort d’autres organismes (Conseil des ministres, Commission, Banque européenne,...). Il ne pourra pas mettre en cause la responsabilité des chefs de gouvernement.

Ce projet consacre et renforce les choix d’une vision économique conduite "conformément au principe d’une économie de marché où la concurrence est libre", rythmée par l’ultralibéralisme, source de régression sociale.

Les soi-disant principes et droits fondamentaux inscrits dans la Charte, présentés comme une grande avancée alors qu’ils étaient déjà présents dans le Traité de Nice, sont subordonnés aux conditions définies par les dispositions d’autres articles de ce Projet (art II-52). Cela implique qu’elles prévalent sur la Charte et les législations nationales.

Ainsi au plan social, exit les principes des services publics qui deviennent "services d’intérêt économique général" confrontés à la libre concurrence (éducation, santé..). Les services publics de proximité (gares, postes..) ne peuvent plus être subventionnés car "faussant la concurrence".

Avec la flexibilité de la main-d’œuvre et du marché du travail, allant de pair avec la liberté de circulation des services (voir Directive Bolkestein, élaborée avec l’aval des représentants français de droite et de gauche à la Commission), les droits sociaux sont soumis à la "création des conditions nécessaires à la compétitivité de l’industrie". Progressivement on nous impose une harmonisation des droits sociaux et démocratiques en tirant vers le bas toutes les législations en vigueur dans les États membres.

Exit le droit à l’emploi qui devient le droit de travailler et de chercher un emploi. Le droit de grève est mis sur le même plan que le Lock-out. Exit la baisse du temps de travail, (cette durée hebdomadaire pouvant aller jusqu’à 68 heures selon la directive OP OUT). Exit le salaire minimum laissé à l’appréciation des États. Rien sur le droit à la pension, les allocations chômage, le droit au logement.

Dans cette marche forcée depuis Maastricht, on veut nous enfermer dans un corset pour des décennies grâce à la règle de l’unanimité pour une révision éventuelle. Le droit de pétition (1 million de signatures) est assujetti aux décisions de la Commission et doit respecter les fondements de la Constitution.

Aujourd’hui le bilan est lourd : poids de l’euro sur les budgets des ménages, coût de la vie, dévaluation des salaires, suppression de milliers d’emplois, abandon des terres, développement de l’exclusion, déréglementation, délocalisation, remise en question des acquis et des droits sociaux, casse des services publics, réformes des retraites, de la sécurité sociale,... tout cela au nom du Pacte de stabilité !

En matière commerciale, le déséquilibre Nord-sud sera accentué avec la Banque mondiale du Commerce et de l’Industrie et d’autres institutions qui continueront de piller les richesses des pays du Tiers-monde, leur imposant leurs volontés et leur philosophie de rentabilité, sans se soucier de leur réel développement et de leur surendettement.

Ce texte entérine une vision marchande du monde dans une extension sans fins des frontières naturelles de l’Europe, servant de marchepied à la politique mondialiste américaine.

La politique de défense ne se fait plus "en harmonie avec l’Otan" mais fait de l’Europe un supplétif des USA avec son intégration en son sein. Au plan international, lorsqu’on voit le peu de cas fait par les USA des volontés politiques de l’Europe (crise du Kosovo, crise du Moyen-Orient,...) et de ses divisions au plan de la politique internationale (Irak,...), on ne peut qu’être inquiets.

Le dispositif judiciaire et policier, au nom de la lutte "anti-terroriste", permet de réprimer toute velléité d’émancipation des Nations basque, irlandaise ou corse.

Pour nous autres Corses, les droits des peuples et des nations sans État sont ignorés au nom de l’intégrité des frontières des États membres de l’Union.

La Corse a été exclue de l’objectif n°1 (manipulation des chiffres par l’Insee pour le calcul du PIB) et n’aura plus à partir de 2006 d’aides nécessaires pour sortir de son sous-développement et sous-équipement. Elle sera considérée au même titre que les régions françaises plus prospères et plus développées. Au Parlement, elle sera représentée par des députés élus par la région Provence-Côte-d’Azur dont elle dépend désormais électoralement.

Au plan culturel, la France qui n’a pas voté la charte des langues minoritaires, et ne modifie pas l’article 2 de la Constitution française sur la langue française, est renforcée dans son refus puisque seules les langues officielles reconnues au sein des États membres sont reconnues et l’Europe ne consentira à aider les langues minoritaires spécifiques que si les États dans lesquels elles existent font appel à elle (art I-11 et art IV-448).

Les normes imposées nuiront à notre patrimoine culturel et environnemental ainsi qu’à notre production identitaire, laquelle perdra à terme authenticité et spécificité. La colonisation de peuplement et la décorsisation de notre société s’accentueront, aggravant le déracinement de notre jeunesse par la perte de ses valeurs et de ses repères. On ne pourra même plus revendiquer la corsisation des emplois et de notre économie.

Ceux qui au nom de la lutte nationale de notre peuple expliquent leur engagement en faveur du oui par un hypothétique affaiblissement de la France au profit de l’Europe devraient voir du côté du Pays Basque où l’Espagne avec le silence approbateur de l’Europe ne reconnaît pas le droit à l’autodétermination du Peuple Basque, alors qu’une majorité d’élus et de Basques réclament son application.

Construire l’Europe, ce n’est pas remplacer le carcan étatique français par un carcan européen au moins aussi contraignant, c’est lutter pour une Europe prenant en compte les droits des nationalités sans État qui la composent et donnant au développement économique une véritable dimension sociale pour une meilleure répartition des richesses et une diminution des inégalités.

Les partisans du oui parlent de régression en cas de victoire du non. Ce sont les mêmes qui vantaient les mérites du Traité de Nice (élaboré sous la Présidence française), le qualifiant alors "de meilleur traité depuis celui de Rome, de meilleur compromis" !).

Pour toutes ces raisons, les Corses doivent dire non à un Projet porté essentiellement par les forces de l’argent, les technocrates et les élites politiques de droite et de gauche complètement coupées des réalités et des aspirations des peuples et des citoyens.


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