19 novembre 2004

L'internationalisation de l'Amazonie
envisagée par un ministre brésilien

          Superbe réponse du ministre brésilien de l'Education interrogé par des étudiants aux Etats-Unis... 

          A faire suivre... Car la presse nord-américaine a refusé de publier ce texte.
  
          Pendant un débat dans une université aux États-unis, le ministre brésilien de l'Éducation Cristovam Buarque, fut interrogé sur ce qu'il pensait au  sujet  de l'internationalisation de l'Amazonie. Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu'il espérait une réponse d'un humaniste et non d'un Brésilien.
  
          Voici la réponse de M. Cristovam Buarque :

  
        En effet, en tant que Brésilien, je m'élèverais tout simplement contre  l'internationalisation de l'Amazonie. Quelle que soit l'insuffisance de  l'attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.
 
        En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant  dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que l'Amazonie soit  internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance pour toute  l'humanité. Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les  réserves de pétrole du monde entier.
 
        Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que  l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des  réserves  de pétrole se sentent le droit d'augmenter ou de diminuer l'extraction de  pétrole, comme d'augmenter ou non son prix.
 
        De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des  pays riches. Si l'Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne  peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d'un pays.
 
        Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage provoqué par les  décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie globale. Nous ne  pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour  le  bon plaisir de la spéculation.
 
         Avant l'Amazonie, j'aimerais assister à l'internationalisation de tous les  grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule  France.  Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par  le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même  titre que le patrimoine naturel de l'Amazonie, être manipulé et détruit  selon la fantaisie d'un seul propriétaire ou d'un seul pays.
 
        Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d'enterrer avec lui le tableau d'un grand maître. Avant que cela n'arrive, il faudrait  internationaliser ce tableau.
 
        Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le  Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des  difficultés  pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des États-unis. Je  crois donc qu'il faudrait que New York, lieu du siège des Nations Unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute  l'humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro,  Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son  histoire  du monde devraient appartenir au monde entier.
 
        Si les États-unis veulent internationaliser l'Amazonie, à cause du risque  que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens,  alors  internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des États-unis. Ne  serait-ce que par ce qu'ils sont capables d'utiliser de telles armes, ce  qui  provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables  incendies des forêts Brésiliennes.
 
        Au cours de leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des  États-unis ont soutenu l'idée d'une internationalisation des réserves  florestales du monde en échange d'un effacement de la dette.
 
        Commençons donc par utiliser cette dette pour s'assurer que tous les  enfants  du monde aient la possibilité de manger et d'aller à l'école.

        Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu'ils naissent, comme  un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier. Davantage encore que  l'Amazonie.  Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme  un Patrimoine de l'Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école; ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.
 
          En tant qu'humaniste, j'accepte de défendre l'idée d'une  internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera comme un  Brésilien, je lutterai pour que l'Amazonie soit à nous. Et seulement à  nous !
    
                   Ce texte n'a pas été publié. Aidez-nous à le diffuser.
  
Iris MARCOS Documentation INSA / Département de Génie Biochimique et  Alimentaire CNRS UMR 5504 -
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