13 février 2004

 

DAVOS 2004

          J'habite en Suisse, et j'étais allé manifester le 24 janvier dernier à Coire contre le WEF. La manif à Coire s'est bien passée, mais les grenadiers nous ont bloqués pendant 6 heures sur une place au froid entourée de barbelés, alors qu'ils nous avaient tirés dessus juste avant avec des canons à eau sans raison !

Témoignage de la manifestation du 24.01.04
à Coire puis de notre « passage » à Lanquart

          Après avoir manifesté à Coire (contre le WEF qui se déroulait à Davos pendant ce temps mais Davos était quasiment inaccessible, c'est pour ça qu'on se trouvait à Coire), nous voulions prendre le train pour rentrer chez nous.

          Lorsque nous sommes arrivés sur le quai, nous avons vu qu'il y avait deux trains. Nous nous sommes alors renseignés auprès d'un employé CFF, qui nous a dit que les deux trains allaient à Zurich. Nous sommes alors montés dans l'un des deux, au hasard, pendant que d'autres manifestants ainsi que des vacanciers et de simples passagers étrangers à la manifestation entrèrent aussi.

          À la gare de Lanquart, aux alentours de 16h00, le train s'arrêta et quelques personnes en descendirent. Un contrôleur passa alors dans les wagons et demanda aux personnes étrangères à la manifestation d'évacuer les lieux. Après un moment, voyant que le train ne repartait pas, nous décidâmes de suivre les manifestants qui descendaient afin d'essayer de comprendre ce qui se passait : la police nous avait déjà encerclés autour du train. Nous vîmes également que devant la locomotive, sur les rails, une haie de forces de l'ordre empêchait le train de repartir. Pendant environ 1h, nous sommes restés sur place, certains manifestants taguaient le train et les seuls dégâts que nous avons pu constater étaient des vitres brisées. Petit à petit, les forces de l'ordre resserraient leur cercle.

          Vers 17h00, soudain, sans que nous ne comprenions pourquoi, tout s'est précipité : les grenadiers ont lancés des gaz lacrymogènes, tout en s'avançant vers la masse de manifestants. Cela n'était qu'un premier « avertissement » ! Ensuite, les manifestants se sont tous regroupés vers l'avant du train puis se sont assis par terre, tandis que les forces de l'ordres s'avançaient de plus en plus. Tout à coup, un grenadier a dit : « allez on avance, on avance ». Autour de nous, sur trois côtés, il y avait des forces de l'ordre qui nous pressaient toujours plus en sandwich. Devant nous, une fumée s'élevait, provoquée par les gaz lacrymogènes, qui avaient été lancés pour la deuxième fois. Notre seule possibilité pour éviter les grenadiers était de courir par le seul côté qui n'était pas entravé par ceux-ci, c'est-à-dire qu'il nous fallu traverser les gaz lacrymogènes ! Les forces de l'ordre ne nous ménageaient pas et poussèrent plusieurs manifestants qui furent blessés en tombant sur les rails.

          Le but de la manœuvre était en fait de nous pousser sur une place, derrière la gare, préalablement préparée afin que personne ne puisse s'en échapper : des grillages avaient été disposés tout autour, et derrière celui-ci se dressait un cordon de robocops casqués et équipés de matraques et boucliers. Nous fûmes alors tous parqués dans cet enclos et comme la nuit commençait à tomber, deux camions de l'armée, situés derrière les grillages, allumèrent leurs spots. La panique s'étant dissipée, les manifestants, le visage en feu (vive les gaz lacrymo !), avaient été totalement dispersés lors de l'assaut et tentèrent alors de retrouver des visages connus.

          Ainsi, commença une longue attente qui se termina vers 23h15, dans le froid et sous la neige, et qui avait duré plus de six heures (je précise qu'ils ne nous ont rien donné à boire ni à manger et que nous avons dû faire pression sur la police afin qu'un manifestant blessé au visage par des balles en caoutchouc soit évacué pour être soigné !) ! En effet, la police sortait les manifestants au compte goutte et prenait leur identité « au cas où vous casseriez un deuxième train », nous a-t-on dit ! Ensuite, chaque manifestant se faisait fouiller son sac ainsi que toutes les poches possibles et imaginables des ses vêtements. Les policiers confisquaient toutes sortes d'objets, dont des bouteilles de vins (uniquement ceux de bonne qualité !), des cailloux et un terrifiant masque de squelette ( !).

          Puis nous sommes passés par le passage sous voie, escorté, et nous avons attendu le train pour Zurich. Une fois la totalité des manifestants entassés dans le train, deux policiers se postèrent entre chaque compartiment.

          À Zurich, « un comité d'accueil de flics » nous attendait encore. J'ai appris aussi après coup, par d'autres manifestants qui se sont fait évacuer avant moi, que lors de leur arrivée à la gare de Zurich , une bande de néonazis les attendait. Certains manifestants anti-WEF ont pu courir assez vite pour leur échapper (les fafs étaient plus nombreux et armés en objets de tout genre !) d'autres en auront gardé un souvenir en trace de cicatrise. Je précise qu'il y avait des flics juste à côté mais qu'ils n'ont commencé à intervenir que quand ils ont vu que ça commençait à pouvoir « un peu trop » déborder.

                    Kerstin



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