30 mars 2003

 

CHIRAC et l’IRAK

Dénoncer la guerre sans s’attaquer à ses causes est naïf. Comme il était naïf de croire que l’on sauverait la démocratie en votant Chirac. Comme il était naïf de diaboliser Le Pen sans dénoncer la ghettoïsation des immigrés. Chirac ment à l'opinion publique lorsqu'il se présente comme un grand défenseur de la paix et du droit retrouvant ainsi une stature internationale bien fragilisée par les "affaires" minables dans lesquelles il patauge depuis 20 ans. En réalité, en compagnie de Poutine, le génocideur des Tchétchènes, et de la clique d’apparatchiks liberticides au pouvoir en Chine, Chirac a laissé le gang Bush-Blair attaquer l'Irak. Le simple fait, pour les trois nations dotées d’un droit de veto, de ne pas réclamer une Assemblée Générale de l'ONU pour condamner cette guerre décidée unilatéralement par Bush sans l’accord du Conseil de sécurité et au mépris du droit international, constitue un acquiescement tacite de cette agression et met les EU à l’abri d’une condamnation prévisible. Mais non ! L'affaire doit se régler "entre grandes personnes". Histoire que les vraies magouilles et les vraies raisons de la guerre ne se voient pas trop ! Et entre l’impérialisme français en Afrique et celui des EU sur le reste du monde, il n’y a jamais qu’une différence de degré, pas de nature. Ici et là, il s’agit toujours de préserver le standing de vie occidental fondé sur le pillage des richesses de la planète et sur l’exploitation des peuples : le capitalisme, c’est la guerre tous les jours du fort contre le faible, des riches contre les pauvres !

Chirac passe ainsi en douceur d’une "opposition" à la guerre à la préparation de l'aide humanitaire sous l’égide de l’ONU qui lui permettra de participer à la juteuse reconstruction d’un Irak écrasé par les bombes "démocratiques " US. Aujourd’hui, il ne condamne plus la guerre. Il la regrette. Nuance ! Il la cautionne de facto. Et demain, n’importe quel pays pourra mener une "guerre préventive" contre son voisin sous les prétextes les plus divers. Cette nouvelle notion va engendrer une fracture irréparable dans l’histoire des relations internationales. Elle introduit une nouvelle ère de barbarie où la force primera sur le droit. En réalité, Chirac n’est pas mécontent de laisser Bush faire le sale boulot, assuré qu’il est de retirer quelques substantiels marrons, du feu irakien déclenché par l’hystérie sécuritaire de l’hyper puissance américaine. Auréolé par sa nouvelle stature gaullienne, Chirac pourra alors revendiquer haut et fort la part du gâteau de la seconde réserve pétrolière du monde au nom des principes du droit international et du refus d’un protectorat américain sur un Irak ainsi "démocratisé" par la guerre. À une condition cependant : que cette guerre ne soit pas trop rapide et provoque suffisamment de morts et de dommages collatéraux. C’est d’ailleurs aujourd’hui bien parti : le "remodelage" du Moyen Orient en Protectorat américain gouverné par des marionnettes et livré aux appétits des multinationales va s’avérer plus dur que prévu ! La "libération" d’un Irak transformé en champ de ruines et jonché de cadavres justifiera alors pleinement a posteriori le refus de Chirac de se joindre à Bush.

Décidément, Chirac n’a pas failli à sa réputation : plus que jamais, c’est bien : "Super-Menteur" ! Que faudra-t-il aux gogos du "peuple de gauche" pour enfin comprendre qu’ils sont gouverné par un sinistre bouffon ? Il n’empêche ! Qu’est-ce ça fait du bien que de se retrouver encore dans les rues printanières (aujourd’hui comme hier, il fallait y chercher à la loupe un électeur de droite !) pour crier "non à la guerre !" comme on avait hurlé, il y a un an, "non à Le Pen !"… alors qu’on savait bien que le premier n’avait aucune chance de prendre le pouvoir et que la seconde n’avait aucune chance de ne pas avoir lieu ou de s’arrêter ! Mais du moins se donnait-on bonne conscience du devoir accompli devant notre incapacité à changer une société impuissante à stopper la course à la destruction de la planète, fondée sur l’injustice et l’inégalité, adoratrice du seul et unique vrai dieu, le dieu-fric (dernier avatar laïc des religions monothéistes, aussi totalitaire et intolérant que God, Yahvé ou Allah).

Et pendant ce temps, le patronat peut continuer à licencier à tour de bras, sacrifiant des dizaines de milliers de travailleurs sur l’autel du profit pendant que de son côté, l’Etat-patron peut restructurer et privatiser à tout va, accentuer la précarisation, casser les acquis sociaux arrachés par les travailleurs depuis 50 ans (retraite, assurance chômage et maladie, etc.) tout en accentuant la répression contre le mouvement syndical et contre les mouvements de résistance au développement de l’injustice et de la violence sociales exercées contre tous ceux qui n’entrent pas dans le moule libéral et refusent le nouvel Ordre moral. Et pendant ce temps, Sarkozy peut multiplier ses rafles de marginaux, sa traque des pauvres et l‘affrètement de ses charters de clandestins. Cerise sur le gâteau : le 17 mars, le Congrès a légalisé constitutionnellement la Féodalité, … à la veille de l’ultimatum US !

Mais, comme le dit l’adage, il se peut qu’ "à toute chose malheur soit bon"…Pour la première fois dans l’Histoire, s’est levé dans un même élan une opinion publique populaire mondiale dénonçant l’arrogance impérialiste et l’hystérie sécuritaire d’une hyper-puissance décadente qui prétend régir le monde : des millions d’hommes et de femmes ont crié qu’un autre monde est possible ! Ils sont l’avant garde d’une révolution mondiale, sur les rails de l’Histoire depuis peu, pour la naissance d’un monde respectueux de chaque être humain, d’un monde où l’homme ne sera plus au service de l’économie et esclave du fric mais où tous les biens de la terre seront partagés par tous les hommes ! Ne restons pas sur le quai ! Le train ne passera pas 2 fois.

André Monjardet

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QUESTION de do :

Salut,

Quand tu dis : « le 17 mars, le Congrès a légalisé constitutionnellement la Féodalité, … à la veille de l’ultimatum US ! », je ne comprends pas ce que tu veux dire. Mais il est vrai que je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce jour-là au niveau constitutionel en fRANCE. J'ai dû manquer d'attention pendant la mauvaise fraction de seconde, vers cette époque. Il s'est passé quoi ?

Amicalement,
do
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RÉPONSE D'ANDRÉ :

Salut !

Comment peux-tu ignorer qu'à Versailles, a été constitutionnellement avalisé le pouvoir des notables dans les régions appelé décentralisation ? Effectivement, l'ultimatum US a étouffé la chose dans l'opinion !

amitiés anarcho-libertaires
André


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