Mardi 29 octobre 2002, 20h28

 

Amnesty dénonce les violations des droits de l'homme en Russie

          PARIS (AP) - Tortures, viols, exécutions extrajudiciaires, "disparitions"... Amnesty International dénonce "les très nombreuses atteintes" aux droits de l'homme perpétrées en Russie dans un rapport publié mardi, quelques jours après le dénouement tragique de la prise d'otages de Moscou.

          La publication de ce document de 102 pages intitulé "Fédération de Russie, un pays sans véritable justice" coïncide avec le lancement d'une campagne mondiale baptisée "Justice pour tous!" en faveur des droits de l'homme en Russie.

          Le rapport dénonce les violations perpétrées dans tout le pays: torture dans les commissariats, conditions de détention inhumaines, violences racistes contre les membres des minorités ethniques ou religieuses et les étrangers, ainsi que les enlèvements, les disparitions et la torture en Tchétchénie.

          Il existe "un fossé entre les engagements internationaux pris par la Russie en faveur des droits de l'homme et la réalité sur le terrain", souligne Amnesty. La torture et les mauvais traitements sont largement utilisés par les forces de l'ordre et sont monnaie courante dans les prisons et les centres de détention provisoire (désignés en russe par l'acronyme SIZO).

          "La police a apparemment très souvent recours à la torture et aux mauvais traitements (...) dans le but d'extorquer des 'aveux'", note Amnesty. Les passages à tabac sont la méthode la plus courante, selon l'organisation.

          Mais Amnesty cite également d'autres techniques de torture, dont celle connue sous le nom de "Slonik" (l'éléphant) qui consiste à placer un masque à gaz sur le visage de la victime et à couper l'arrivée d'air pour l'asphyxier ou encore la "lastotchka" (hirondelle) qui consiste à attacher les mains de la victime derrière son dos avec des menottes et à la suspendre ainsi par les bras. D'autres types de torture ont été signalés à l'organisation internationale de défense des droits de l'homme : viols et autres violences sexuelles, torture à l'électricité, brûlures de cigarette...

          "Près d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants sont incarcérés en Russie", souligne Amnesty. "Parmi eux, plus de 200.000 attendent d'être jugés" et la plupart des personnes en détention provisoire vivent dans des conditions qui "constituent un traitement cruel, inhumain et dégradant".

          Les femmes et les enfants n'échappent pas aux abus. "Les femmes arrêtées par la police sont fréquemment torturées et notamment violées." Les enfants sont eux "souvent privés des garanties les plus élémentaires" comme la présence d'un avocat ou d'un parent adulte pendant leur interrogatoire. Amnesty précise avoir "recueilli des informations concernant des enfants torturés ou maltraités par la police".

          Les minorités ethniques et notamment les Tchétchènes sont particulièrement exposées. Leurs membres sont souvent considérés comme des terroristes, des trafiquants de drogue ou des criminels. "La police s'en prend particulièrement à ces personnes en se fondant bien souvent uniquement sur leur apparence physique", dénonce le rapport.

          La situation apparaît alarmante en Tchétchénie même. Les forces russes "seraient notamment responsables de disparitions, d'exécutions extrajudiciaires, de viols et d'autres actes de torture", souligne Amnesty, qui reconnaît par ailleurs la difficulté d'obtenir des informations vérifiées de manière indépendante en provenance de la petite république caucasienne. "Les forces tchétchènes seraient elles aussi responsables d'atteintes au droit humanitaire international", ajoute l'organisation.

          Amnesty émet une série de recommandations pour améliorer la situation en Russie. Elle appelle notamment les autorités russes "à faire preuve d'une réelle volonté politique de promouvoir et de faire respecter les droits fondamentaux de tous".

          Concernant la Tchétchénie, l'organisation appelle notamment Moscou à "prendre de toute urgence des mesures pour que les civils soient en permanence protégés". Elle demande également à la communauté internationale de condamner les violations commises en Tchétchénie et de faire pression sur la Russie pour que les responsables soient jugés. AP

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NOTE de do :

Il paraît que "Les forces tchétchènes seraient elles aussi responsables d'atteintes au droit humanitaire international". OK, par exemple, selon ce droit, elles n'auraient pas dû faire la prise d'otage du théatre de Moscou. Pourtant, il faut bien que les Tchétchènes lancent leurs appels au secours à la communauté internationale ! Ils ne peuvent tout de même pas se laisser génocider sans réagir !


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