31 janvier 2001

 

Louis : — Pétain a été soutenu par une très grande majorité de gens, très longtemps, jusqu'en juin 44.

 

do : — Tu viens de dire une bêtise. En fait tu ne fais que répéter ce que le pouvoir n'arrête pas de vouloir nous faire croire !

          Mais le pouvoir ment. Il y a effectivement eu un certain soutien à Pétain de la part de beaucoup de français pendant les six premiers mois suivant la déroute de 1940 parce que tout le monde était content que la guerre soit finie. Mais ce soutien n'a pas duré longtemps dès que les gens ont vu les actes de Pétain et la collaboration avec les nazis. N'oublions pas que le front populaire était censé être à gauche et que les grandes grèves de 1936 étaient loin d'être un soutien à l'extrème droite. Alors, pour les français, passer d'une telle ambiance au fascisme, ce n'était pas tolérable !

          Mais raisonner comme ça serait bien peu dialectique (au sens de Karl Marx. Non je ne suis pas au PC, et je vous signale qu'on n'a jamais autant lu Karl Marx dans les pays de l'Est que depuis l'effondrement d'un communisme qui n'y a jamais existé !) et serait réducteur.

          Pour bien comprendre comment il est possible qu'aujourd'hui on puisse faire croire à beaucoup de gens ce gros mensonge de la France collaboratrice, il faut avoir conscience que la société est divisée en classes : les maîtres (les patrons) d'un côté et les esclaves (nous) de l'autre. Et juste avant guerre ainsi que pendant la guerre, le slogan de la classe dominante fut constamment " Mieux vaut Hitler que le communisme ! "

          Ainsi la classe dominante fut massivement collaboratrice. Elle était très contente de l'invasion de la France par Hitler qui allait pouvoir la venger des grandes grèves de 1936 !

          Et bien sûr, les classes exploitées (notamment la classe ouvrère) fut massivement dans le camp de la résistance. Même si, au début, le désespoir ne portait pas à être très actifs. Les actions sont venues petit à petit et le mouvement de la résistance s'est renforcé au fure et à mesure que le temps passait et que les gens reprenaient confiance en eux. Jusqu'en 1944 où la résistance a fini par devenir si forte que bien des régions ont pu se libérer avant l'arrivée des américains (à ce sujet, il n'est certainement pas mauvais de rappeler ici que si les américains ont eu trois cent mille morts pendant la deuxième guerre mondiale, les soviétiques en ont eu vingt cinq millions dont seize millions de slaves ! Cependant, aujourd'hui, tout le monde croit qu'il faut dire merci aux américains. Ah ! le slogan " l'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante " se vérifie une fois de plus) Ce fut la Corse qui se libéra la première. Et il y eut l'inoubliable insurrection parisienne qui libéra Paris avant l'arrivée des américains. Etc. !

          Marx disait que " L'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante. " Et quand je vois tant de gens dans ce pays accepter de croire au mensonge de la France collaboratrice, je me dis qu'il n'avait pas tord. Les esclaves sont dominés matériellement et psychologiquement par leurs maîtres !

          Quand la télé (essentiellement instrument de propagande du pouvoir : " Radio-Paris ment, radio Paris ment, radio-Paris est Allemand. ") nous dit que la France était collaboratrice, c'est le pouvoir qui s'exprime dans sa bouche. La classe dominante nous ment volontairement, ou bien elle généralise son cas, ou, bien pire, elle pense que la France, c'est la classe dominante et seulement elle, pas les divers animaux qui vivent aussi sur son sol tel que les vaches, les poules et les esclaves !

          Je ne peux terminer sans dire que j'ai vu Marek Alter à la télé lors de la sortie de son film " Les justes ". Il disait que dans les pays tout autour de la France, 75% des juifs sont morts mais qu'en France le pourcentage était inversé: 75% des juifs ont survécu. Il concluait que contrairement à ce que le pouvoir veut faire croire, la France n'était pas massivement collaboratrice, mais résistante (même si au début c'était seulement de la résistance passive) et il donnait ces chiffres pour le prouver !

 

DAW : —  Hep! On est en 2001

          Ca faisait longtemps qu'on ne nous avait pas servi la soupe froide (bien que fréquemment réchauffée) de la division de la société en classes, avec pour corollaire le choix communisme/fascisme. mais alors selon vous, pendant la guerre il n'existait comme pays que l'Allemagne nazie, l'URSS communisme et les pays occupés par l'Allemagne. Les Etats-Unis intervenant un peu plus tard. Mais alors dites moi s'il vous plaît dans quel camp se trouvait l'Angleterre de Churchill ? On n'y parlait pas de lutte des classes quand les missiles allemands incendiaient Londres toutes les nuits, et toute la population, toutes " classes " confondues, a pris sur elle de résister. Vous avez une curieuse conception de la liberté. Sachez que les valeurs humanistes ne sont pas propriété d'une classe sociale. Quant aux Etats-Unis, ils ont certes moins souffert que l'URSS de la guerre mais ont été au moins aussi efficaces, sinon plus, et surtout ils n'ont pas recouvert d'une chape de plomb les territoires qu'ils ont libérés.

 

do : — Les riches s'enrichissent en appauvrissant les pauvres !

          Oui, " on est en 2001 ", même si les événements dont il s'agit (Papon et la collaboration) se sont déroulés à une époque où les exploités n'avaient pas peur de parler de lutte de classes et où la conscience de classe n'avait pas été éradiquée. Mais ce n'est pas parce qu'aujoud'hui les gens comme toi se contentent (tout en croyant penser) de répéter la propagande du pouvoir que l'exploitation de l'individu par l'individu à disparu ! Si la société n'était plus divisée en classes, il n'y aurait pas eu, il y a environ un an, les puissantes émeutes de Seattle qui vainquirent momentanément l'OMC et qui marquèrent le retour de la lutte de classe.

          Pendant la guerre, en Angleterre, on parlait certainement moins de lutte de classe que juste avant guerre. C'est bien normal, les guerres sont souvent là pour appeler à la collaboration de classe, que parfois, comme par exemple en 1914, le pouvoir renomme " Union sacrée " pour mieux faire passer la pilule. Et bien sûr, de la collaboration de classe à la collaboration au sens de Pétain ou Papon, il n'y a pas loin !

          Les valeurs humanistes ne sont la propriété de personne. Surtout pas de ceux qui s'enrichissent en appauvrissant les pauvres !

          Quand aux États-Unis, s'il n'ont pas recouvert les pays qu'ils ont " libérés " d'une chappe de plomb, c'est parce qu'eux, la chappe de plomb, ils l'ont mise directement dans les cerveaux. Ce qui est effectivement bien plus efficaces. Tu en es la preuve vivante ! (A moins que tu ne sois fils de patron ?)


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