13 avril 2007

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES

Pourquoi je n’irai pas voter dimanche...

Par Jean-Paul

http://mai68.org/ag/1133.htm
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    Déclarer son intention d'abstention à une élection aussi "importante" que la présidentielle est une attitude toujours un peu mal perçue chez nous : « votez ! », nous enjoindra-t-on. Votez, blanc, nul, mais votez ! Mais si je suis intimement convaincu que toute la procédure mise en place pour le "vote démocratique" est devenue une monstrueuse imposture, je n’y participerai pas. Je sais que mon attitude déplacera imperceptiblement les statistiques finales vers le premier représentant du capital ; mais, celui (ou plutôt celle) qui vient derrière n’en est pas moins candidat du capital en second. Quant aux autres, je prétends qu’ils sont là comme alibis de pluralité : ils n’ont jamais eu la moindre chance d’emporter quoi que ce soit, même un second rôle, et tous le savent. Ce sont des clowns utiles.

    Premier argument : l’enjeu économique échappe totalement au vote des français.

    À l’époque de Montesquieu, la théorie politique faisait apparaître trois pouvoirs  fondamentaux : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La France du XVIIIème siècle pouvait presque se dire autarcique, qualité essentielle dont Aristote revêtait la cité idéale. Maintenant, nous parlerions plutôt d’indépendance alimentaire, énergétique et militaire (ce que nous avons perdu). Le XIXème siècle a vu le développement ininterrompu et douloureux de l’industrie dans le cadre de l’économie capitaliste. Cette économie (la production et l’échange de biens et de services) est devenue une force d’abord encadrée par le pouvoir politique, puis une force autonome générant ses lois propres (les fameuses lois du marché qui ont peu à peu pris le pas sur tout le reste).

    En ce début de XXIème siècle, le pouvoir économique du capitalisme global dissout peu à peu les États-nations. N’ayez aucune illusion là-dessus, le mouvement est irréversible. En fait, il tend à dissoudre tout ce qui n’est pas au départ de son ordre : il agit comme le cancer dans l’organisme vivant. Ses métastases s’appellent par exemple l’OMC, le FMI ou la BCE (il y en a bien d’autres). Ses membres influents qui représentent un pourcentage infinitésimal de l’humanité vivent entre eux dans des palais loin des yeux du vulgaire. Ils vivent mieux que les anciens empereurs, presque comme des demi-dieux hors des lois humaines. Comme ils possèdent les médias et les grands partis politiques, ils veulent nous faire croire qu’ils représentent l’intérêt général, qu'il n'y a pas d'autre choix que l'actuel et que l’état du monde s’améliore continûment sous leurs férules. En fait ils ne sont que la cupidité et la prédation portées à son paroxysme. Aucun candidat majeur ne fait allusion à cet aspect des choses. Plutôt bavarder légèrement sur les retraites, la santé, l’emploi, sachant que l’on n’a plus la main sur la politique économique et financière des multinationales. On n’a plus la main sur rien de fondamental, ni sur la monnaie, ni sur l’utilisation tempérée des ressources naturelles, ni sur le bon usage du territoire. En fait, les humains sont peu à peu dépossédés de leur espace et de leur temps au profit d’entités monstrueuses et ce ne sont pas les élections qui vont y changer quoi que ce soit. On a bien pris soin de faire en sorte que les questions qui fâchent ne soient jamais posées. Paroles, paroles … Alors Nicolas, Ségolène, François ou Jean-Marie, que voulez-vous que j’en fasse ? Ce sont des clowns payés pour noyer le poisson ou amuser la galerie.

    Second argument : la politique part en brioche.

    Vu ce qui précède, est-ce bien étonnant ? Vieille invention grecque, la démocratie se satisfaisait déjà à l’époque de l’existence d’un esclavage massif. Les visions idéalisées de la cité et du citoyen que nous décrit Aristote dans les politiques n’ont jamais vraiment existé. De la même façon, les oripeaux de la res publica romaine n’auront été bons qu’à faire rêver pendant quelques années les révolutionnaires français (et plus tard les fascistes mussoliniens) mais sur le fond, cette forme politique n’a plus aucune valeur exemplaire pour nous. Pour pasticher de Gaule, on pourrait dire : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : la démocratie ! la démocratie ! la démocratie ! Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien ». J’admets que l’Europe n’est pas encore une dictature policière pleinement développée, mais elle pourrait facilement le devenir si la nécessité s’en faisait sentir pour le capital : depuis le 11 septembre 2001 et la lutte contre le terrrrorrrrisme, tous les instruments nécessaire à l’établissement d’un totalitarisme orwellien sont en place. La liberté de parole a d’ailleurs commencé à passer à la trappe (A ce sujet, lisez "Rien n’est sacré, tout peut se dire" de Raoul Vaneigem).

    Considérez les quelques années pendant lesquelles les petits-bourgeois, c'est-à-dire nous, les classes moyennes, ont réellement détenu le pouvoir politique en France : au tout début de la révolution française, en 1848, à Paris pendant la commune, et quelques mois à la libération, peut-être, mais rien n’est moins sûr. La classe ouvrière ne l’a jamais eu (les petits-bourgeois ont toujours parlé à sa place) ; quand à la paysannerie, elle a servi de masse de manœuvre clientéliste contre les "classes dangereuses" depuis le premier empire. Le reste du temps a vu le monopole de la classe capitaliste soit exercé directement (monarchie de Juillet par exemple) soit par personnel politique interposé. Le modèle politique idéal pour ces gens là est le bipartisme anglo-saxon qu’"on" voudrait installer en France alors que sa faillite est patente aux États-Unis et en Angleterre. Ce qui arrive actuellement, c’est l’éclatement du centre du pouvoir politique, militaire et judiciaire au profit d'instances européennes (commission européenne) et mondiales (émanations diverses de l’ONU, OTAN, etc.).

    Avec la globalisation de l'économie, certains pensent très fort à un modèle politique autoritaire (pour ne pas dire totalitaire) mondial centralisé. Les think tanks promouvant ce modèle tiré des vieux romans de science-fiction fleurissent dans le sillage d’officines discrètes comme le Comité Bilderberg, le CFR (Council on Foreign Relations), la Commission Trilatérale... (cherchez les détails avec Google). Pour cette élite politique plutôt blanche et anglo-saxonne, comportant quelques noms très connus comme le criminel de guerre Henry Kissinger, les humains doivent être gérés comme du bétail. Comme ce bétail est trop nombreux, on commence à lire les commentaires cyniques officieux de certaines personnalités (mots clés dans google : bio weapons Watson) visant à ramener la population mondiale à un niveau plus gérable grâce aux apports des dernières merveilles de la biologie (le fin du fin sera sans doute un bon cocktail grippal du genre {influenza + H5N1}). Vive la science : la fiction du rapport Lugano va devenir réalité. Les alarmes sur le réchauffement climatique et le pic pétrolier vont être mises à contribution pour justifier l’installation de l’État militaro-policier multinational permanent (Cf le fameux document du Pentagone). Et pendant ce temps, Nicolas, Ségolène, François et Jean-Marie bavardent et s’invectivent dans les étranges lucarnes devant les consommateurs crétinisés.

    Nicolas et Ségolène ont de très bons amis au-delà des mers : George et Tony. Georges n’est peut être pas très malin, mais il est très bien conseillé par ses amis du PNAC qui l’ont aidé à monter un coup de maître : le 11 septembre. Avec lui, la dette américaine atteint presque 9000 milliards de dollars. Chez lui, ce sont les pauvres qui financent les riches. Nous y participons modestement. Tony, lui, fait semblant d’être de gauche : c’est ce qui plaît à Ségolène. Depuis 2001, les deux larrons mènent une politique guerrière que n’aurait pas désavouée Hitler. Nicolas et Ségolène sont très discrets sur les guerres de leurs amis Tony et George. Ils sont très discrets parce qu’en fait, ils les approuvent. Ils les approuvent car ils ne veulent pas que l'or noir sur lequel repose une bonne partie de notre standard de vie tombe entre de "mauvaises mains". Et là est bien le problème : je ne voterai jamais pour des gens qui approuvent la politique nazie commise en Irak, en Palestine, en Afghanistan ou ailleurs même si le lien avec nos retraites, notre système de santé, notre éducation publique, etc. n’est pas explicite. On ne peut pas être nazi à l’extérieur et "démocrate" à l’intérieur. Il faut être naïf pour croire le contraire.

    Quand à nos amis "gauchistes" qui n’ont pas compris que le temps de la remise en question est passé depuis des lustres, il n’y a plus rien à en dire ni même à en pleurer : je n’ai plus de larmes pour ça. Quelle affligeante nullité ! Les trois candidats trotskistes ont-il oublié que Trotsky était un vrai professionnel de la subversion et de l'insurrection, qui savait renifler avant tout le monde les aspirations populaires ? Trotsky était un gagneur. À l'opposé, l'extrême gauche française perd son temps et nous fait perdre le nôtre. Elle n'est plus qu'une cohorte de perdants juste bons à scander des slogans usés derrières des banderoles dérisoires face à des CRS amusés. Le PC quant à lui, depuis qu'il n'est plus crédibilisé par les SS20 soviétiques pointés sur l'occident, s'est lui-même perdu dans ses vieux rêves staliniens dont il n'est jamais vraiment ressorti même si les anciens s'en défendent. Son agonie languissante est si pathétique qu'on aimerait pouvoir l'achever pour mettre fin à une aussi longue souffrance. Parfois, il faut savoir jeter l'éponge et laisser la place à d'autres. Nous avons besoin de gagneurs.

    La mascarade des élections vise à nous faire croire que nous sommes encore un peuple libre, mais nous ne le sommes plus : nous passons notre temps à subir. Nous sommes un peuple de moutons.

        Jean-Paul, 13/04/2007


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